
Gestion du bruit des entrées d'air
Problématiques de bruit des entrées d'air d'habitations : bruit du flux d'air, isolement face aux bruits extérieurs, conseils pratiques, simulations
Jean Boulvert et Gabriel Gormezano
1/17/202513 min lire
Article écrit en collaboration avec Gabriel Gormezano, Econology, société française de vente en ligne de materiel lié à la ventilation des bâtiments
Les entrées d'air des habitations peuvent engendrer des problèmes de bruit, soit en laissant entrer des bruits extérieurs, soit en générant du bruit au passage du flux d’air qui les traverse.
Les performances acoustiques, en particulier contre les bruits extérieurs, dépendent des modèles d’accessoires d’entrées d'air.
Cet article traite des aspects acoustiques des entrées d’air et offre des solutions aux problèmes de bruit émanant de celles-ci.
I. Généralités
Les entrées d'air, également appelées aérations, jouent un rôle essentiel dans l'apport d'air neuf, que ce soit pour une ventilation naturelle ou des systèmes de ventilation simple flux.
Elles se composent d’une ouverture pratiquée dans l’enveloppe du bâtiment et de divers accessoires. Cette ouverture est le plus souvent intégrée à l’ouvrant et/ou au dormant des fenêtres ou aux coffres des volets roulants. Plus rarement, elle est réalisée directement en traversée de mur.
Une ouverture laissée « nue » n’est pas idéale, car elle ne permet pas de contrôler efficacement le débit d’air.
Pour réguler ce débit et garantir une quantité optimale d’air neuf, un dispositif appelé « entrée d’air » est installé en intérieur, dans le prolongement de l’ouverture. Les entrées d’air peuvent être de plusieurs types : fixes, hygroréglables ou autoréglables. Les modèles hygroréglables ajustent le débit en fonction du taux d’humidité dans le logement, augmentant le flux lorsque l’humidité est élevée. Les autoréglables, quant à elles, maintiennent un débit constant, relativement insensible aux variations atmosphériques.
À l’extérieur, un autre élément, souvent nommé « auvent » ou « déflecteur », est positionné dans le prolongement de l’ouverture. Sa principale mission est de protéger cette dernière contre l’eau de pluie.
Les entrées d'air peuvent être liées à deux problèmes de bruit à l’origine et aux solutions distinctes :
Le flux d’air traversant l’entrée d’air peut engendrer des bruits, tels que des sifflements ou un bruit de vent.
Du bruit extérieur (circulation routière, avions, activités en centre-ville, etc.) entre à l’intérieur du logement via l’ouverture de l’enveloppe du bâtiment. Un peu comme si une fenêtre était laissée entre-baillée. C’est un problème de bruit indépendant du flux d’air.


II. Bruit dû au flux d’air
Lorsqu’un flux d’air (du vent) circule dans un conduit de faible diamètre ou rencontre des obstacles, il produit du bruit. Plus la vitesse de ce flux est élevée, plus l’intensité sonore augmente.
Les accessoires des entrées d’air sont conçus pour minimiser les bruits générés par le passage de l’air. Toutefois, lorsque la vitesse du flux dépasse la plage de fonctionnement prévue, il devient difficile d’éliminer totalement ces nuisances sonores. Par ailleurs, aucun indicateur normé ne permet d’évaluer la performance des différents modèles en termes de réduction du bruit généré par le passage de l’air.
En cas de bruit lié au flux d’air, la première étape consiste à démonter les accessoires pour nettoyer à la fois l’ouverture et les éléments eux-mêmes. Un entretien régulier, idéalement une à deux fois par an, permet non seulement de réduire ces bruits, mais également d’améliorer la qualité de l’air intérieur en facilitant l’arrivée d’air neuf.
Lors du remontage, il est essentiel de s’assurer que les accessoires sont correctement alignés avec l’ouverture de la fenêtre ou du mur. Un mauvais alignement peut créer des espaces libres, favorisant l’apparition de sifflements.
Si le bruit persiste, qu’il y ait ou non du vent à l’extérieur, il est nécessaire de vérifier l’équilibrage général du système de ventilation. Par exemple, si une VMC extrait 200 m³/h d’air alors que le logement ne dispose que d’une seule entrée d’air calibrée pour 45 m³/h, cela entraîne un déséquilibre. Le flux d’air devra forcer son passage à travers cette ouverture, dépassant les limites de débit prévues. Ce phénomène est particulièrement courant si la VMC est surdimensionnée, fonctionne à un débit élevé, ou si, dans un immeuble collectif, certains résidents ont obstrué leurs bouches d’extraction ou leurs entrées d’air. Dans ces situations, l’air manquant dans les logements obturés est redistribué dans ceux encore ventilés, provoquant un surdébit, des nuisances sonores et une augmentation des pertes de chaleur, entraînant des surcoûts énergétiques. Il est alors recommandé de signaler le problème au syndic de copropriété pour sensibiliser les autres occupants.
Pour en savoir plus sur les effets de l’obstruction des bouches et des entrées d’air dans les immeubles collectifs, consultez : https://www.econology.fr/le-blog/perte-de-charge-reseau-ventilation.
Si le sifflement persiste après nettoyage et équilibrage du système de ventilation, mais qu’il disparaît lorsque les accessoires sont retirés, il peut être nécessaire de remplacer l’entrée d’air. Les composants internes des entrées d’air hygroréglables ou autoréglables, comme les languettes, peuvent s’user avec le temps et perdre leur efficacité. Avant d’investir dans un nouvel équipement, vous pouvez tester une inversion entre deux entrées d’air de votre logement pour vérifier si le problème persiste.
Changer le auvent pour un modèle ayant une forme différente peut aussi être efficace si le sifflement survient lors de vents forts.
III. Bruit extérieur
A. Isolement de façade
Le bruit extérieur peut pénétrer dans le logement par l’ensemble de son enveloppe : murs, fenêtres, toit, entrées d’air, etc. Cependant, la capacité de ces éléments à limiter la transmission du bruit n’est pas uniforme. Elle varie en fonction de plusieurs facteurs, tels que leurs dimensions, les matériaux utilisés, leur épaisseur, leur assemblage et les accessoires associés. Par exemple, si une fenêtre équipée d’une entrée d’air est dépourvue de joints entre le dormant et l’ouvrant, ou si elle ferme mal, elle devient probablement le principal point faible de l’isolation acoustique de la façade.
Pour réduire efficacement le bruit à l’intérieur du logement, il faut maximiser l’« isolement de façade ». Cela signifie qu’il faut chercher un équilibre entre les performances acoustiques de chacun des éléments de l’enveloppe, y compris les entrées d’air. Une attention particulière doit être portée au niveau de bruit extérieur auquel le logement est exposé, afin de dimensionner correctement l’isolation nécessaire. Les normes acoustiques en vigueur imposent des performances minimales à atteindre en fonction du niveau d’exposition sonore.
Pour plus de détails et des exemples de solutions acoustiques, vous pouvez consulter ce document : https://www.bruit.fr/images/stories/pdf/exemples_solutions_acoustiques.pdf.
En pratique, dans un logement ancien non rénové, améliorer l’isolement acoustique des entrées d’air n’apportera que rarement une amélioration de l’isolement de la façade.
Inversement, pour un logement rénové ou neuf, équipé de fenêtres de bonne qualité et bien posées, aux murs éventuellement isolés thermiquement (et par conséquence acoustiquement), les entrées d’air sont souvent le point faible de l’isolement de la façade. Il serait contre-productif d’installer un vitrage phonique tout en laissant une ouverture non isolée acoustiquement juste à côté !
B. Performance acoustique de l’entrée d’air en fonction de la fréquence
L’isolement acoustique d’une entrée d’air, qu’elle soit équipée ou non d’un accessoire, peut être mesurée en laboratoire selon la norme NF EN 13141-1. Plus la valeur de l’isolement acoustique, exprimée en décibels (dB), est élevée, mieux l’entrée d’air bloque les bruits extérieurs.
Lors de ces essais, l’entrée d’air est installée sur un mur dense de 60 mm d’épaisseur séparant deux salles. Un champ acoustique diffus (représentant un bruit provenant de toutes les directions) est généré dans l’une des salles. L’isolation acoustique est alors déterminée en mesurant le rapport entre la puissance acoustique incidente dans la salle d’émission et celle transmise dans la salle de réception. Ce résultat, dépendant de la fréquence, est exprimé en dB. Le calcul prend en compte une surface virtuelle de 10 m², ce qui équivaut à une entrée d’air montée sur un mur presque parfaitement isolant de cette même surface.
Le graphique ci-dessous illustre l’isolement acoustique d’une entrée d’air dans trois configurations différentes :
Sans accessoire (simple ouverture de 172 × 2 × 12 mm²) : trait noir.
Équipée d’une entrée d’air Aldes EA45 : traits verts pointillés.
Équipée d’une entrée d’air Aldes EHL-L : traits oranges pointillés.
Les données proviennent de mesures effectuées au CETIAT et de simulations numériques réalisées par Sil&Add.
Dans le cas d’une ouverture sans accessoire, l’isolation acoustique reste relativement constante entre 100 Hz et 1000 Hz, mais diminue fortement à partir de 2500 Hz. Cette baisse est due à la résonance longitudinale demi-onde de l’ouverture de 60 mm de long. La fréquence de cette résonance est inversement proportionnelle à la longueur de l’ouverture.
Avec les accessoires Aldes EA45 et EHL-L, l’isolation acoustique est nettement améliorée par rapport à une simple ouverture. En particulier, autour de 2500 Hz, l’isolation est plus efficace grâce à l’amortissement de la résonance longitudinale par ces dispositifs. De plus, l’isolation acoustique offerte par l’EHL-L dépasse celle de l’EA45 d’environ 5 dB dans la plage de fréquences allant de 1000 Hz à 3150 Hz, témoignant d’une meilleure performance acoustique.


Isolement acoustique d'une entrée d'air sans accessoire (noir), équipée d'une entrée d'air Aldes EA45 (vert points pointillés), et équipée d’une entrée d’air Aldes EHL-L (orange pointillés).
C. Indices uniques de performance d’isolement acoustique des entrées d’air
Pour faciliter l’évaluation des performances acoustiques des entrées d’air, on utilise des indices uniques indépendants de la fréquence. Ces indices, comparables à ceux utilisés pour l’isolation des murs et fenêtres, sont calculés selon la norme NF EN ISO 717-1. Le calcul repose sur la comparaison de la courbe d’isolation acoustique (entre 100 et 3150 Hz) de l’entrée d’air avec une courbe de référence. Deux entrées d’air ayant le même indice d’isolement peuvent présenter des comportements acoustiques différents selon les fréquences.
L’indicateur principal utilisé est le Dn,e,w (C ; Ctr).
Dn,e,w (Ctr) = Dn,e,w + Ctr. Il correspond à l’isolation acoustique d’une entrée d’air face à un bruit de trafic pondéré A. Cet indicateur est particulièrement adapté pour évaluer la performance face aux bruits extérieurs typiques, comme le trafic routier, ferroviaire ou des chantiers.
Dn,e,w (C) = Dn,e,w + C. Il mesure l’isolation face à un bruit rose pondéré A. Souvent fourni par les fabricants, il reflète la performance contre des bruits plus aigus, tels que les voix ou les sons produits par une télévision, ou encore les cris d’une cour de récréation.
Plus la valeur des indices est élevée, plus l’entrée d’air isole efficacement des bruits extérieurs.
En appliquant les méthodes normées de calcul, on obtient les valeurs suivantes :
Sans accessoire :
Dn,e,w (C) = 32 dB
Dn,e,w (Ctr) = 34 dB
Aldes EA45 :
Dn,e,w (C) = 35 dB
Dn,e,w (Ctr) = 36 dB
Aldes EHL-L :
Dn,e,w (C) = 39 dB
Dn,e,w (Ctr) = 39 dB
Ces indices reflètent les différences observées sur les courbes d’isolement en fréquence.
D. Simulation de l’isolement des entrées d’air
Pour illustrer concrètement ces performances, des simulations acoustiques ont été réalisées. Ces simulations reposent sur une configuration hypothétique où seule l’entrée d’air influence la transmission sonore.
En réalité, le bruit extérieur pénètre également à travers d’autres éléments de la façade (murs, fenêtres, etc.), et il interagit avec l’intérieur du logement (absorption par les meubles, résonances des pièces…). Cependant, cette configuration fictive est proche des conditions des essais en laboratoire normés. Les calculs s’appuient sur les courbes d’isolement précédemment présentées.
Le scénario simule cinq cas de transmission du bruit :
Transmission directe, sans obstacle : bruit brut transmis directement de l’émetteur au récepteur.
Transmission via une ouverture sans accessoire.
Transmission via une ouverture équipée d’une entrée d’air Aldes EA45.
Transmission via une ouverture équipée d’une entrée d’air Aldes EHL-L.
Transmission via une ouverture équipée d’une Aldes EHL-L et d’un auvent acoustique Aldes.
Deux types de bruit ont été pris en compte :
Le bruit produit par une unité extérieure de pompe à chaleur.
Le bruit d’une voiture passant à proximité d’une cour de récréation.
Ces simulations permettent de quantifier et de visualiser les gains d’isolation acoustique apportés par les différents équipements, offrant une meilleure compréhension des performances dans des contextes réels.


IV. Isolement des entrées d’air
La configuration classique est une entrée d’air installée en menuiserie et associée à un auvent standard.


Suivant le modèle, la valeur d’isolement acoustique Dn,e,w (Ctr) est alors comprise entre 34 dB et 39 dB. Une entrée d'air est considérée comme « acoustique » à partir de 36 dB.
Des accessoires permettent d’augmenter l’isolement acoustique jusqu’à 42 dB tout en conservant une installation en menuiserie. Cette augmentation de l’isolement n’est pas négligeable comme présenté dans les vidéos ci-dessus.
A. Rallonge / entretoise acoustique
Elle se positionne entre la paroi de fixation et l'entrée d'air. Elle augmente donc la longueur et donc la visibilité de l’entrée d’air à l’intérieur du logement. Seuls certains modèles d’entrée d’air sont compatibles avec cet accessoire.


B. Auvent / capuchon extérieur acoustique
Il vient se substituer à l’auvent standard. Bien que plus volumineux que l’auvent standard, vu qu’il s’installe à l’extérieur il permet d’augmenter l’isolement acoustique sans être visible de l’intérieur du logement.


Les accessoires (rallonge / entretoise acoustique et auvent extérieur acoustique) réduisent très légèrement le débit des entrées d’air. Si une entrée d’air est annoncée comme compatible avec un ou plusieurs accessoires, cela implique que son débit nominal n’est pas impacté. Autrement dit, le dispositif complet répond à la même exigence normative permettant d’annoncer une valeur de débit. Pour s’en assurer, les fabricants font réaliser des essais en laboratoire des entrées d’air seules et associées avec les accessoires vendues comme compatibles.
C. Valeurs d’isolement
Des extraits des Avis Techniques de la gamme d’entrée d’air de menuiserie de Anjos et Aldes sont reproduits ci-dessous. Ils sont disponibles dans leur intégralité sur le site du CSTB.


Extrait de l'Avis Technique 14.5/17-2275_V4 présentant les valeurs de Dn,e,w (Ctr) des entrées d'air de menuiseries d’Anjos --> Cliquer pour visualiser en plein écran


Extrait de l'Avis Technique 14.5/17-2266_V6 présentant les valeurs de Dn,e,w (Ctr) des entrées d'air de menuiseries d’Aldes --> Cliquer pour visualiser en plein écran
D. Entrées d’air en traversée de mur
Les entrées d’air en traversée de mur apportent un meilleur isolement que celles en traversée de menuiserie. Elles sont cependant plus compliquées à installer et moins discrètes en façade (grille).
Suivant le modèle de l’accessoire inséré dans le mur et de l’entrée d’air, la valeur d’isolement acoustique Dn,e,w (Ctr) est comprise entre 46 dB et 57 dB.
V. Améliorer l’isolement d’une entrée d’air
Obstruer une entrée d’air à l’aide de papier, mousse ou plaque est fortement déconseillé. Cela perturbe l’équilibre essentiel entre l’air entrant et sortant dans un logement. Les entrées d’air sont conçues pour garantir un débit calibré (22, 30 ou 45 m³/h), et leur nombre ainsi que leur emplacement répondent à des normes. Obstruer une entrée d’air risque de déséquilibrer le réseau de ventilation et donc de créer des problèmes de pollution de l’air, d’humidité et de bruit sur les autres entrées d’air et bouches d’extraction – voir II. Bruit dû au flux d’air.
Le seul cas dans lequel il est possible d’obstruer une entrée d’air est lorsque le système de ventilation a été modifié. Par exemple : passage d’une ventilation naturelle à une VMC. Ce genre de modification doit être réalisé selon la réglementation en vigueur.


Solutions pour améliorer l’isolation acoustique des entrées d’air sans compromettre la ventilation
Nettoyage des accessoires et de l’ouverture de l’entrée d’air
Suivre les recommandations des fabricants pour un entretien régulier (1 à 2 fois par an).
Les éléments en mousse acoustique doivent être libres de dépôts de pollution. En cas de dégradation importante ou si le nettoyage est insuffisant, remplacer uniquement la mousse acoustique.
Remplacement par un modèle offrant un isolement acoustique supérieur
Opter pour une entrée d’air avec un isolement accru (de plusieurs dB).
Réduction du débit nominal (si autorisé)
Si la réglementation le permet, remplacer une entrée d’air de 45 m³/h par une de 30 m³/h.
Pose en traversée murale
Remplacer les entrées d’air des menuiseries par des traversées murales. Bien que cette solution soit très efficace, elle demande une mise en œuvre plus complexe.
Le tableau ci-dessous résume l’impact des différentes actions permettant d’augmenter la valeur d’isolement des entrées d’air.